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Eric Woerth : encore une Légion d’honneur suspecte
16/08/2010 18:26
Après la Légion d’honneur remise par Eric Woerth à Patrice de Maistre (employeur de sa femme et gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt), Mediapart est tombé sur une autre décoration accordée par le ministre qui exhale le conflit d’intérêts. Le 13 juillet 2008, en effet, un expert-comptable inconnu du grand public, Bernard Godet, a été nommé officier de la Légion d’honneur sur le contingent d’Eric Woerth (alors ministre du budget). Le décret paru au Journal officiel déclinait sobrement ses titres: «35 ans d’activités professionnelles et de services militaires»… Deux mois plus tôt, Bernard Godet avait surtout visé les comptes de campagne du ministre, candidat victorieux aux municipales de Chantilly dans l’Oise, avant que ces derniers ne soient remis à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Plus gênant encore: Bernard Godet est l’homme qui a certifié les comptes 2008 du micro-parti du ministre – déjà dévoilés par Mediapart. Fin juin, il était apparu que cette formation politique «maison», créée dans l’Oise en toute discrétion et baptisée «association de soutien à l’action d’Eric Woerth», avait bénéficié de la générosité de Liliane Bettencourt (qui lui aurait signé un chèque de 7.500 euros en 2010, selon l’entourage du gestionnaire de fortune de la milliardaire). Légale sur le papier, cette structure contribue comme tous les autres «partis de poche» à «détourner» l’esprit de la loi sur le financement de la vie politique – pour reprendre le mot du président de la CNCCFP, autorité administrative indépendante…
Interrogé sur les raisons pour lesquelles il a souhaité récompenser Bernard Godet, Eric Woerth n’a pas répondu à nos questions. L’heureux bénéficiaire, sollicité par l’intermédiaire de son cabinet parisien, n’a pas non plus retourné nos appels. Les interrogations soulevées par l’attribution de cette Légion d’honneur sont pourtant multiples.
Premièrement, Bernard Godet a-t-il pu, en 2009, quelques mois après avoir reçu la Légion d’honneur, se plonger dans les comptes 2008 du parti de poche du ministre et les certifier (c’est-à-dire évaluer leur sincérité et leur régularité) en toute indépendance? Avait-il l’absolue liberté de dénoncer d’éventuelles tricheries?
Le code de déontologie des commissaires aux comptes, dans son article consacré aux conflits d’intérêts, précise que «le commissaire aux comptes évite de se placer dans une situation qui compromettrait son indépendance à l’égard de la personne ou de l’entité dont il est appelé à certifier les comptes, ou qui pourrait être perçue comme de nature à compromettre l’exercice impartial de cette mission». En clair, la seule apparence d’un mélange des genres pose déjà problème.
16.450 euros de frais de réception
Au passage, on peut se demander si Bernard Godet a aussi certifié les comptes 2009 de «l’association de soutien» à Eric Woerth. Ces derniers n’ayant pas encore été rendus publics, nous avons posé la question au trésorier du micro-parti, Patrick Wallut. «Je ne pourrais vous dire», s’est-il contenté de nous répondre. Quant à la Légion d’honneur, il a déclaré l’ignorer jusque-là.
L’enjeu de la certification des comptes est d’autant plus net que l’activité du parti de poche d’Eric Woerth paraît floue. En 2008, les recettes avaient atteint 86.000 euros environ, soit 19.500 euros de dons de personnes physiques et 66.500 euros de subventions allouées par le trésorier de l’UMP (Eric Woerth en personne….). Du côté des dépenses, on notait bien 16.450 euros de «frais de réception» ou 10.190 euros de «locations immobilières» (pour une structure minimaliste sans salariés ni adhérents!), mais on saisissait mal la destination de tout l’argent amassé. Malgré nos multiples relances, le ministre n’a jamais livré d’explication sur les activités de cette «association»… Bizarrement, pas un centime n’a été lâché dans la campagne municipale de 2008 – le micro-parti n’a guère accordé qu’un prêt de 1.300 euros à son champion, contraint d’aller emprunter 6.500 euros à la banque… «Quoi qu’il en soit, la Commission nationale a jugé que la signature de ce M. Godet était valable et elle a validé les comptes!», tient à souligner Patrick Wallut, le trésorier.
Une autre question se pose: cette mission remplie par Bernard Godet en tant que commissaire aux comptes était-elle compatible, sur un plan éthique, avec d’autres prestations vendues à Eric Woerth, cette fois en tant qu’expert-comptable?
Bernard Godet a en effet été payé 1.500 euros en 2008 pour «présenter» le compte de campagne d’Eric Woerth aux municipales de Chantilly, ainsi que 500 euros pour celui des législatives de 2007. Son rôle, juridiquement, se limitait alors à la compilation des factures et des justificatifs de recettes, sans véritable dimension d’audit ni de contrôle. Sur une campagne électorale, un expert-comptable n’est recruté, en fait, que pour mettre en forme le bilan financier, avant transmission à la CNCCFP.
Pourquoi Eric Woerth a-t-il confié, au fil des ans, toutes ces missions de nature différente à un seul homme? Pourquoi avoir fidélisé Bernard Godet? L’avoir gratifié de la Légion d’honneur entre deux prestations?
Interrogé par Mediapart, le Haut conseil du commissariat aux comptes, organe de contrôle de la profession (institué auprès du garde des Sceaux), n’a pu livrer aucun commentaire sur la situation de Bernard Godet. En l’absence de saisine en bonne et due forme, aucun de ses membres n’est habilité à juger du respect – ou non – du code de déontologie…
Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg
http://www.gaullisme.fr/?p=8917
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Jacques Chaban-Delmas : « Il vécut l’armistice comme la fin du monde »
12/08/2010 00:39
- PAR CHRISTINE LEVISSE-TOUZÉ (1)

Avant d’accomplir une longue carrière politique dans le gaullisme, Chaban figura parmi les acteurs de la reddition allemande, à Paris.
Né à Paris en 1915, il est éduqué au sein d’une famille de la petite bourgeoisie dans l’amour de la patrie. Jacques Delmas collabore au journal l’Information économique et financière, de tendance radicale, tout en poursuivant des études de droit et en obtenant un diplôme de sciences politiques.
Appelé en juin 1938, il intègre le bataillon des élèves officiers de réserve puis choisit Saint-Cyr parce qu’il donne priorité à sa vie de famille. Marié en avril 1939, il est sous-lieutenant au 7e bataillon alpin de forteresse, à Peira-Cava, près de Nice, durant toute la campagne de France ; sa femme, qui a pu s’installer à proximité, donne naissance à leur premier enfant. Il vit la nouvelle de l’armistice comme une fin du monde et fonde ses espoirs sur la Grande-Bretagne. Le spectacle de Paris occupé lui est insupportable. Il manifeste une volonté de revanche qu’il libère en rejoignant le groupe du colonel Groussard, son ancien instructeur à Saint-Cyr. Par ce dernier, il est mis en contact avec le colonel Heurteaux, chef du réseau Hector. Spécialisé dans le renseignement sur l’industrie, il intègre le ministère de la Production industrielle pour mieux renseigner.
Fin 1941, il entre à l’inspection des finances. Fin 1942, il informe le BCRA à Londres du démantèlement du réseau Hector et adopte alors le pseudonyme de Chaban, nom d’un château près de Moustier, en Dordogne. Chargé de remédier au besoin de financement de la Résistance, il participe à la mise sur pied, en 1943, du Cofi, avec Pierre de Bénouville, François Bloch-Lainé et Michel Debré, et devient le conseiller financier du délégué militaire national. En octobre, il devient l’adjoint d’André Bouloche, délégué militaire de la région de Paris. À la suite d’arrestations, Louis Mangin, délégué militaire en Zone- Nord doit gagner Alger et Chaban assure l’intérim de la zone correspondant à l’ancienne zone occupée. Un problème se pose cependant : il n’est pas militaire de carrière et son dernier grade dans l’armée est celui de sous-lieutenant. Or le général de Gaulle exige que le délégué militaire national soit général pour traiter à égalité avec les membres de l’Organisation de résistance de l’armée (ORA) et les chefs militaires des mouvements de résistance. Un message de Radio Alger, le 1er mai 1944, résout le problème: « Arc (autre pseudonyme de Chaban) est nommé général de brigade et chevalier de la Légion d’honneur. Il est chargé de l’intérim du délégué militaire national. » Le colonel Ely, envoyé par le Comité français de la libération nationale d’Alger pour prendre les fonctions de délégué militaire national en titre pour coordonner l’insurrection, jugeant sa propre connaissance du terrain et des hommes insuffisante, propose le maintien de Chaban. Il le juge l’homme de la situation, en dépit de son jeune âge, il a alors vingt-neuf ans, et se met à son service. Un ordre d’Alger confirme Chaban dans ses fonctions d’adjoint militaire du délégué général, Alexandre Parodi, représentant le gouvernement provisoire de la République française à Paris. Général sans troupe, il se heurte à la dualité des pouvoirs, le Comité d’action militaire (Comac) créé par le Conseil national de la Résistance voulant déclencher l’action au plus vite et coordonner les opérations militaires. Pour éviter l’hécatombe, en raison du manque d’armes des résistants, l’insurrection ne doit pas être déclenchée trop tôt et il prône la synchronisation avec l’arrivée des troupes alliées.
Début août, il fait un bref aller-retour à Londres pour informer le général Koenig, commandant les Forces françaises de l’intérieur, de la montée de l’insurrection et de l’urgence de l’envoi à Paris des troupes alliées. Il faut convaincre le général Eisenhower qui envisage de contourner la capitale car elle n’est pas un objectif stratégique. De retour de Londres le 16 août, il est porteur d’instructions de Koenig : « pas d’insurrection sans ordre ». Mais la situation a changé et les événements se sont précipités : « Paris était mûr pour un grand soulèvement », confiera Alexandre Parodi, vingt ans plus tard, à un journaliste et le mouvement insurrectionnel ne peut plus être freiné. C’est pourquoi le colonel Rol- Tanguy, commandant les FFI d’Île-de- France, avait décrété, le 18 août, l’ordre de mobilisation générale apposé sur les murs de la capitale. Le 19, l’insurrection entre dans sa phase active, avec la prise de la préfecture de police. Inquiet, Chaban alerte de nouveau Koenig : « Mon impression personnelle est que l’ambiance est très lourde et qu’il serait nécessaire que vous interveniez pour demander l’occupation rapide de Paris. Si c’est impossible, il serait urgent : primo, de nous prévenir pour les consignes à donner, secundo, d’avertir la population de façon nette par la BBC d’un nouveau Varsovie. Quartus (Parodi) et Algèbre (colonel Ely) sont d’accord avec moi. » Il considère « que l’action extérieure est essentielle et que l’action intérieure doit lui être subordonnée ». Il est favorable, avec Parodi, à la trêve parce qu’elle fait gagner du temps. Le 22, il se rend à l’avis général de reprise des combats pour ne pas compromettre l’unité de la résistance et installe son PC à la préfecture de police, où se trouve le préfet de police, Charles Luizet, depuis le 19. Du 23 au 25 août, jusqu’à l’arrivée du gros de la 2e DB, le rôle essentiel de Chaban est de renseigner le général Leclerc sur les forces ennemies et les itinéraires à emprunter.
Le 25, Chaban accueille le chef de la 2e DB un peu au sud de la porte d’Orléans et guide Leclerc à bord de son command car. Il intervient avec Maurice Kriegel-Valrimont en faveur de Rol-Tanguy pour qu’il signe un des exemplaires de la convention de reddition au PC de Leclerc, à la gare Montparnasse. De Gaulle interpelle sur ce point Leclerc un peu plus tard. Chaban reconnaît sa responsabilité. Étonné par sa jeunesse, de Gaulle le gratifie d’un : « Bravo Chaban ! » Fait Compagnon de la Libération, il mène ensuite une carrière politique marquée par le gaullisme. Maire de Bordeaux de 1947 à 1991, il a été premier ministre de Georges Pompidou (1969-1972) et président de l’Assemblée nationale, de 1958 à 1969. Il décède le 10 novembre 2000.
(1) Directrice du Mémorial du Maréchal-Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et du Musée Jean-Moulin (Ville de Paris), directrice de recherche associée à Montpellier-III. Orientation bibliographique : Mémoires pour demain, Chaban-Delmas, Flammarion, 1997, L’Ardeur, Éditions Stock, 1975. Jacques Chaban-Delmas, août 1944, délégué militaire national, de Christine Levisse-Touzé, dans Armées d’aujourd’hui nº 190, 1994, et Dictionnaire historique de la Résistance (direction François Marcot, avec la collaboration de Bruno Leroux et Christine Levisse-Touzé), collection « Bouquins », Robert Laffont, 2006.
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Roms et compagnie
03/08/2010 14:31
Nicolas Sarkozy a donc cru bon de tenir un conseil « spécial roms ». D’aucuns y voient une stigmatisation, d’autres applaudissent à grands cris. Les uns et les autres sont des imbéciles.
Mais ils sont en bonne compagnie. Pas un jour sans qu’un présentateur de journal télévisé ne parle, comme s’il s’agissait d’une chose allant de soi, de la « communauté », des gens du voyage, des musulmans de France, des gays du Massif Central ou des Corses d’Ille-et-Vilaine.
Et moi qui pensais que tous ces gens-là étaient avant tout français…
Joseph Macé-Scaron note avec pertinence(1) qu’« à un progressisme qui réduit la question sociale à l’affrontement des dominés et des dominants, des victimes et des bourreaux, répond désormais une autre pensée binaire, aujourd’hui plus dangereuse parce que plus établie, qui renoue avec les sortilèges de l’essentialisation. » Et d’ajouter : « On n’aura jamais autant dit que durant cette présidence « les » jeunes, « les » vieux, « les » musulmans, « les » femmes… »
« Pitoyable assignation à résidence, » conclut-il. Nous sommes sommés d’être tout entiers le plus petit commun dénominateur : manouches ou immigrés, blancs ou « blacks » (en passant par l’anglais, on obtient sans doute quelque chose qui est plus noir que noir), juifs, musulmans ou chrétiens. Hommes ou femmes. Homos ou hértéros.
Bien sûr, ceux qui n’ont que cette identification minuscule à se mettre sous la dent, faute d’« être » des individus à part entière, des hommes au sens de l’article premier de la Déclaration des Droits, font chorus — et parlent à leur tour de « céfrancs », de « feujs » ou de « beurs » : l’essentialisation, pour s’exprimer en verlan, n’en demeure pas moins une réduction a minima.
Cette attitude a corrompu jusqu’aux comportements scolaires. Le « céfran » est « intello », les filles sont des « taspés », et le rebelle est cancre : c’est bien plus simple ainsi, n’est-ce pas, lorsqu’on n’a pas les mots, ni pour se dire en toute complexité, ni pour s’adresser aux autres…
Quant aux collègues qui consentent à entrer dans ce jeu, et qui parlent de leurs classes comme d’une addition de « communautés » dont il convient de respecter la « diversité », je préfère ne pas en dire ici ce que je pense — après, on me dit que je suis mal embouché.
Une question cependant : savent-ils exactement ce qu’est une République ?
« Citoyen » : ainsi s’appelaient les révolutionnaires, pour éliminer toutes les différences de titres et de conditions. Et c’est ce que nous sommes, et ce qu’ils sont : des citoyens. Susceptibles de respecter les lois de la République — par exemple de s’arrêter à un contrôle routier sans tirer sur la police. Susceptibles, en cas de dérapage, de sentir s’appesantir sur eux la main de la République, comme autrefois le couperet s’appesantissait, un bref instant, sur le cou des ci-devants qui persistaient à se faire appeler « monsieur le comte » ou « Votre Majesté ». On a même coupé le cou d’Olympe de Gouges, parce qu’elle avait eu la mauvaise idée d’écrire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, sans comprendre qu’« homme » n’était pas le masculin de « femme », mais le terme générique de l’espèce humaine. Ce n'était pas misogynie, c'était refus des particularismes.
« Citoyens » : ainsi devrions-nous appeler nos élèves — ou, en tout cas, les traiter ainsi.
Mais voilà : la loi Jospin a prétendu leur imposer la « démocratie », les « mettre au centre », leur donner une individualité de « djeunes », avec des sous-branches (« djeunes beurs » ou « djeunes beurettes » — et j’en passe), intimer aux enseignants de les respecter en tant que djeunes, dans leur être et non dans leurs productions. C’était, sous prétexte de démocratie, fragmenter déjà la République. Le « djeunisme » est aussi une forme de racisme.
Tenir un conseil des ministres sur les Roms, parler de « diversité », de France « Black-blanc-beur », c’est émietter la République. Donner, lors des inscriptions ou des recrutements, un avantage décisif aux « boursiers » (30%, a décidé le ministère), sous prétexte de « discrimination positive », n’a rien de légitime : l’étape suivante, ce sera une « affirmative action » à l’américaine (avec trente ans de retard, les USA en sont revenus…), ce qui impliquera une politique de quotas, qui nécessitera elle-même je ne sais quel recensement « ethnique » dont certains rêvent : à quand la qualification au faciès ?
La notion même de « parité » » me paraît extrêmement caduque, comme chaque fois que l’on introduit du quantitatif pur dans ce qui devrait être du qualitatif étroit. On n’a pas plus de talent parce qu’on a une verge ou un vagin, ni parce qu'on est noir ou jaune : on en a parce qu’on a mérité, par la réussite à un examen ou un concours, tel ou tel poste.
Il y a un mépris sous-jacent évident, dans toute discrimination (qu »’on lui rajoute « positive » ne fait pas passer le mot). Un mépris qui se traduira, à terme, par un sentiment d’imposture, chez ces « djeunes » qui auront avancé au nom des quotas, au ieu de « remplir leur mérite », comme on disait jadis. Stigmatisés par les cadeaux qu'on leur aura faits.
Qu’on se donne les moyens de former tous les enfants, dès la Maternelle, de façon adéquate — avec un haut niveau d’exigence ; que l’on permette à chacun de devenir ce qu’il est ; que l’on aiguille davantage de déshérités vers des voies prestigieuses, dès lors qu’ils en ont les moyens — et pourquoi diable ne les auraient-ils pas ? —, oui, c’est ainsi que l’on peut, que l’on doit procéder. Evidemment, c’est plus cher et plus long que de faire de la charité dans une centaine de lycées de ZEP, comme le propose depuis quelques années Richard Descoings. La charité, au fond, ne coûte pas très cher, parce qu’elle ne donne pas grand-chose. Elle saupoudre — et veut nous faire croire que ce nappé superficiel, comme disait Barthes à propos des fiches-cuisine de Elle (2), camouflera le fait que tant de gosses n’ont pas accès aux savoirs les plus élémentaires.
C'est qu'il est plus facile d'entrouvrir les portes de la Rue Saint-Guillaume que de réformer le collège…
Dans un livre à paraître fin août, Tireurs d'élites (3), je reviens longuement sur cette question, aujourd’hui centrale : nous sommes à un moment étrange de notre histoire, où sous prétexte de « démocratie » nous voulons faire voler en éclats tout l’héritage de la Révolution et de l’Empire — à commencer par les classes préparatoires et les Grandes Ecoles : ce n’est pas un hasard si c’est la Convention qui a inventé Polytechnique, ou si le Comité de Salut public a reconstitué l’Ecole des Mines, invention royale disparue avec Louis XVI. Ou l’Ecole Normale pour instituer des professeurs — la future Ecole Normale Supérieure. Ce sont des coupeurs de têtes qui ont désigné Monge, Berthollet ou Daubenton pour y enseigner.
Dire qu’il y en a qui croient encore que la République n’avait pas besoin de savants…
C’est à la fois un héritage et une politique que l’on veut détruire. En fait, l’Etat. Entre les libéraux « mondialistes » partisans du « moins d’Etat », et une certaine gauche pseudo-démocrate qui prétend « rendre la parole » aux uns et aux autres, favoriser l’autonomie des établissements scolaires ou dissoudre les instances de décision dans une « participation » d’où n’émergeront que les idées les plus médiocres, nous sommes mal barrés. Heureusement qu’il reste des Républicains (à droite et à gauche, d’ailleurs) pour s’opposer à cette grande gabegie « démocratique ». Pour quelque temps encore.
Jean-Paul Brighelli
(1) Dans Marianne n°692, semaine du 24 au 30 juillet.
(2) Dans Mythologies.
(3) Chez Plon.
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Les Roms, boucs émissaires faciles
03/08/2010 11:10
Il est facile de s’attaquer aux faibles ! C’est ce que fait Nicolas Sarkozy ! Il est certes plus difficile de s’attaquer à ceux qui défraient la chronique régulièrement, bafouant les lois de la République( drapeaux brûlés, insultes à la Nation française, refus de la laïcité, trouble à l’ordre public tous les vendredis pour la prière, en occupant des rues .....)Il est difficile de s’attaquer à ceux-là car ils menacent et mettent leurs menaces à éxécution sur le sol français ou à l’étranger.
Je ne justifie en aucun cas les meurtres des policiers : un voyou, quelle que soit son origine doit être sévèrement puni. Mais ce qui est inadmissible c’est de se servir des plus faibles pour redorer son blason, en bien piètre état !
Les Roms, n’en déplaise à nos dirigeants, font partie de l’union européenne : citoyens de Bulgarie, de Roumanie, de Hongrie, ils ont choisi un mode de vie, hérité depuis des siècles ;mais apparemment, ils sont toujours considérés comme les "voleurs de poules" dont il faut se méfier ;s’il est vrai que certains vivent "d’expédients", pour reprendre les propos d’un représentant d’une municipalité de gauche de Seine saint Denis, ils ne menacent pas notre pays, ils ne veulent pas nous imposer leur mode de vie. Ils demandent à pouvoir vivre décemment selon leur culture.
Alors, on va les renvoyer chez eux, nous dit-on.A quand le renvoi dans leur pays d’origine, de tous ceux qui sont responsables de violences, d’attaques à mains armées, de destructuion de biens publics, de voitures ?
Monsieur Sarkozy devrait interroger les Roms : ils devraient leur demander pourquoi, ils préfèrent encore la France, l’Irlande, l’Espagne que leur pays d’origine. Ayant eu la possibilté en tant que membre d’une organisation humanitaire d’aller en Bulgarie pour voir un"ghetto" rom, j’ai compris leur choix : des habitations sans eau courante, des enfants mal vêtus, des conditions d’hygiène et de santé dramatiques !
J’ai l’impression que l’histoire de ces minorités se répète : certes nous ne sommes plus en 1943, 1944, où des centaines de milliers de Tziganes ont trouvé la mort dans les camps d’extermination ; certes sous ne sommes plus à cette période, l’une des plus noires de l’histoire de France où la patrie des droits de l’homme s’est déshonnorée en parquant les tziganes dans des camps avant de les livrer aux Allemands ! Mais raser un camp de Roms, mettre une population sans défense dans un état de dénuement total, est une insulte à notre humanité !
Alors, un peu de décence, un peu de courage. Oui, il faut punir les délinquants ; mais il ne faut pas pénaliser une catégorie de citoyens !
Mireille Kukawka
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Directeur d’une maison de jeunes à Grenoble dans les années quatre-vingts
26/07/2010 21:45
J’ai été directeur d’une importante maison de jeunes (et de la culture, ajoutait-on) à Grenoble en 1979 et 1980. J’ai habité plusieurs années la Villeneuve, très précisément (les adresses ont leur importance à la Villeneuve) au 10 galerie de l’Arlequin. Formé dans les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, j’avais quitté mon poste de professeur du secondaire pour revenir à ma passion première : les adolescents difficiles. Ma formation s’est faite dans la banlieue parisienne entre Villeneuve la garenne et Bezons dans ce monde des cités. J’ai été imprégné de pédagogie par projet selon les principes de Piaget, dans une atmosphère héritée du mouvement ouvrier, très marqué par le syndicalisme et l’église catholique, les deux étant d’ailleurs très interpénétrés : entre jeunes de la JOC et des JC, les discussions et la camaraderie étaient la règle. Il n’y avait pas délinquance dans ce temps-là : dans la banlieue rouge, la référence c’était l’ouvrier P3 outilleur, l’aristocratie ouvrière. Il était hors de question de voler ou de manquer l’école. L’accès aux responsabilités supposait la perfection dans son métier et dans sa vie sociale. L’ascension sociale par le travail et l’instruction étaient la règle et avaient une finalité : l’émancipation du peuple et de la classe ouvrière.
Avec des études supérieures et une solide expérience de terrain, j’ai été recruté par une grande fédération de maisons de jeunes et de la culture et me suis retrouvé à la tête de la maison du quartier de l’Abbaye, entre la Villeneuve et le centre ville, où parmi les nombreuses expériences sociales entreprises par la municipalité Dubedout, l’objectif était de sédentariser les gitans. Je me suis retrouvé rapidement en complète dissonance avec ce milieu : pour l’institution, les « jeunes » étaient par définition des victimes de la société. Ils n’étaient pas responsables de leur situation. Pour la mairie et pour les associations, le seul indicateur de performance était la quantité de moyens déversés sur le quartier. Le mot « jeune » avait une dimension sacrée, christique, et aller aux jeunes était vivre une sorte de chemin de rédemption. Une de mes collègues, directrice d’une maison voisine, en avait même épousé un, dans un double mouvement de dérision vis-à-vis de l’institution du mariage et de fusion compassionnelle avec un « jeune ».
Je me suis très rapidement retrouvé marginalisé avec ma pratique basée sur la responsabilisation individuelle et le sens du collectif, et mes tentatives d’instaurer le principe de régulation des transgressions des normes. « Norme, mais de quelle norme parles-tu? Nous ne sommes pas là pour cautionner la société bourgeoise ». Il n’y avait donc aucune norme. Les familles ne payaient pas leur loyer et attendaient le dernier moment pour se contenter de glisser le papier bleu dans la boîte aux lettres de l’assistance sociale. Dans les sorties de ski que j’organisais avec « les jeunes », ceux-ci me donnaient leurs lunettes à porter quand il n’y avait pas de soleil pour les reprendre ensuite « Tu es payé par la mairie pour t’occuper de nous ». L’assistanat généralisé était la seule règle. Rien n’était assez beau : on payait aux « jeunes » les plus beaux équipements. Les « jeunes » arboraient narquois l’argent du chômage en précisant qu’ils refusaient de contribuer à quoi que ce soit. Seulement, l’être humain garde un fond de dignité et n’a que mépris pour ceux qui les transforment en objet compassionnel : la somptueuse maison des jeunes (conçue par des sociologues) fut incendiée. Ma proposition de créer des espaces en fer et en béton vide qui ne vivrait que de ce qu’y créerait les « jeunes » (avec de l’argent attribué uniquement sur la base d’un projet) fut considérée comme « de droite » car justifiant le désengagement budgétaire de l’Etat.
Un jour, des Siciliens vinrent s’installer dans le quartier et échangèrent des tirs avec les gitans. Ceux-ci se replièrent dans leur campement de Briè-et-Angonnes. Je fis la réflexion en réunion qu’il y avait une situation de surencadrement et que nous pourrions proposer aux éducateurs d’aller travailler dans un autre quartier à forte délinquance, le Mistral. « Mais tu t’en prends à l’emploi! » « Ah bon, il vous faut des pauvres pour justifier vos emplois ». Ma descente aux enfers était commencée, elle fut arrêtée par la médecine du travail, lasse des dépressions et suicides sur ce genre de postes, me retrouvait sans emploi, quittait la ville et changeait complètement de profession. J’ai eu de la chance : j’avais commencé à travailler à un plan d’action éducative avec le proviseur du Lycée Jean-Bart, André Argouges. Celui-ci se battait comme un beau diable pour obtenir une clôture pour son lycée, las des incursions de « jeunes » pénétrant dans les classes pour agresser les lycéens (NB : dans cette novlangue, les lycéens ne sont pas des « jeunes »). Les éducateurs l’ont traité de réactionnaire, arguant que les crédits seraient mieux employés à créer de nouveaux postes d’éducateurs qu’à faire une clôture. Deux ans plus tard, André Argouges a été assassiné par une « jeune » entrée indûment dans l’établissement, qui lui planta une paire de ciseau dans le cœur.
J’ai pu engager un éducateur, Mohamed, venu des bas-fonds et qui connaissait les règles du jeu de ce milieu, qui partageait mes convictions et avec lequel nous pratiquions une pédagogie directive et énergique avec les « jeunes ». Il fut licencié lui-aussi mais ne retrouva pas d’emploi. J’appris quelques années plus tard qu’il s’était suicidé.
Et la Villeneuve ! Le laboratoire social de la municipalité Dubedout. J’habitais au 10, la montée des éducateurs, entre des appartements de réinsertion. Quand je prenais l’ascenseur avec mes voisins, on était au courant de mes critiques de la politique municipale et j’étais accusé de « faire le jeu de la droite ». Tout mon environnement social s’effondrait : soit je faisais taire mon esprit critique, soit je quittais la ville. Au 110, c’était une autre affaire : c’était la montée des bobos, des copropriétés (les appartements de la Villeneuve sont tous magnifiques : ce n’est donc pas la nature de l’immobilier qui est en question!) où se réunissaient les notables du parti socialiste sous la férule de l’élu en charge du socio-cul, René Rizardo. Les bobos envoyaient leurs enfants au collège expérimental de la Villeneuve. On y pratiquait le pédagogisme avant l’heure, les méthodes non-directives, ce qui veut dire que seuls les enfants ayant un soutien à la maison s’en sortaient tandis que ceux originaires d’un milieu populaire sombraient. Entre, il y avait « le peuple », les objets et les sujets de l’expérimentation. On y appliquait les mêmes principes : l’environnement de la Villeneuve était au départ magnifique et a été saccagé : la seule décision fut de transférer l’entretien du parc sur le budget municipal, au nom de “c’est la faute aux conditions socio-économiques”.
J’ai eu de la chance. Je suis parti loin, très loin, ai repris mes études, ai eu et ai toujours une vie passionnante. Mais je retenais de ma formation initiale d’historien et d’éducateur que priver les hommes de tout projet, les déresponsabiliser, ne leur donner aucune perspective qu’ils soient capables de construire eux-mêmes ne pouvait mener qu’à la barbarie. Cette prophétie était à l’époque une intuition d’un jeune homme encore en formation : elle est aujourd’hui une réalité objective, analysée et logique, produite par les savants fous du socio-cul.
Sur ce tissu social pourri fleurit aujourd’hui le trafic de drogue dans ce qui est la ville la plus criminelle de France. Ah, si une chose a changé : le lycée Jean Bart a sa clôture et s’appelle désormais le lycée Argouges.
Jules D.
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